" Crime d'amour "

Un film français : « Crime d’amour » d’Alain Corneau.
Son précédent film « Le deuxième souffle » était un remake du film de Jean-Pierre Melville qui m’apparaissait comme bien moins réussi que l’original avec un esthétisme à la John Woo dans les scènes d’action ; esthétisme qu’il ne maîtrisait pas.
Retour à un film original sur un sujet qui l’obsédait et dont je ne vous parlerais pas : cela vous enlèverait des éléments intéressants du film.

Dans le décor aseptisé des bureaux d’une puissante multinationale, deux femmes s’affrontent…
La jeune Isabelle travaille sous les ordres de Christine, une femme de pouvoir qu’elle admire sans réserve.
Convaincue de son ascendant sur sa protégée, Christine entraîne Isabelle dans un jeu trouble et pervers de séduction et de domination.
Ce jeu dangereux va trop loin… jusqu’au point de non retour.

Une bonne histoire bien construite à défaut d’être hyper originale hormis de placer 2 femmes l’une contre l’autre. Dans une même histoire avec une narration assez proche (mais plus éclatée), nous avons eu « Swimming with sharks » avec Kevin Spacey (un rôle un peu après le grand « Usual Suspect ») : ce film était plus brillant mais plus masculin.
Pour notre histoire, j’apprécie bien la première partie qui finit à « … jusqu’au point de non retour », je ne vous parlerais pas trop de ce qui se passe après ; il y a des choses intéressantes, mais aussi des méli-mélos pour nous embrouiller qui ne m’ont pas toujours convaincu. La fin est évidente sur ce type de sujet ; c’est la même que « Swimming… » : désolé pour ceux qui avaient vu ce film…

Plus sobre que pour son film précédent, il y a un côté télévisuel manifeste donc la mise en scène est assez plate mais n’embarrasse pas le sujet ; le montage sauve un peu cette platitude en étant au cœur du sujet : la précision voire la maniaquerie d’un des personnages. Montage très propre, très clair.

L’intérêt suprême du film sont ses acteurs et plus particulièrement ses actrices : Kristin Scott Thomas fait la femme d’expérience avec son expérience qui est grande ; elle est aussi séduisante que démoniaque ; Ludivine Sagnier est l’élève appliquée qui désire prendre sa place avec ce côté femme-enfant qui lui va bien et une évolution du personnage qu’elle doit avoir interprété pour la première fois. Elle s’en sort évidemment très bien. Le duo fonctionne énormément avec charme, tension.
Un homme écartelé entre ses deux femmes (heureux homme dira-t-on… encore que) joué par Patrick Mille qui a joué dans pleins de films mais c’est dans la série télé « Clara Sheller » que je dois surtout l’avoir vu (il jouait l’homo) : il se fait évidemment embobiner.

Un film efficace, plus intéressant pour ses acteurs ; un thriller un peu mou (trop français diraient certains) mais aux personnages assez réalistes dans une sphère socio-économique pas très excitante cinématographiquement parlant et pourtant dont les enjeux humains le sont.

Bon film !!!