" Accident "

Un petit polar Hong-kongais bien troussé : « Accident » de Soi-Cheang.
Plus souvent vu sur les génériques comme assistant-réalisateur ou réalisateur associé pour Ringo Lam et Johnnie To, il réalise qu’au début des années 2000 avec des petits films d’horreur mais c’est en 2007 avec « Dog bite dog » qu’il se fait un nom en gagnant le Grand Prix Action Asia au Festival du Film Asiatique de Deauville (pas vu je crois car pas arrivé au ciné à Tours ; doit bien se trouver en DVD) ; j’ai entendu parler de son suivant « Coq de combat » en 2008 mais pareil, pas sorti à Tours.

Des gens ont des accidents : c’est ce que concluent les enquêtes policières mais en fait, c’est une équipe de tueurs à gages qui organisent méthodiquement des meurtres en faisant passer ça pour un accident. Le « Cerveau » mène cette équipe avec un sentiment de paranoïa de plus en plus prononcé après l’accident mortel de sa femme et d’un coup qui a dégénéré. Et s’il y avait une autre équipe qui devait les « accidenter » ????

Production Johnnie To et cela se voit, on dirait un film de Johnnie (il a mis la patte dedans au montage) ; en même temps, j’ai pas vu les autres films de ce réalisateur. Une histoire haletante, obsessionnelle où les apparences deviennent trompeuses : on se croirait dans un Brian de Palma ou dans le célèbre « Conversation secrète » de Coppola (le film de la paranoïa par excellence). Chacun surveille tout le monde et toute action, parole est sujet à caution. Ne rien dire, on ne sait jamais, on me surveille peut-être…

Visuellement, c’est vraiment le cinéma de Johnnie To à l’écran avec des grandes scènes d’accidents (des évènements déclenchant d’autres évènements qui amèneront à la mort de la victime ; des scènes visuelles hallucinantes de maîtrise sous la pluie par exemple (un peu comme « Sparrows » de Johnnie to), on sent les techniciens de qualité. Pas de scènes de gunfight pour une fois, mais y’a des morts par d’autres manières (et très cinématographiques évidemment). Du pur plaisir pour les amateurs de virtuosité visuelle (voir la scène finale).

Des acteurs que l’on peut voir dans les autres productions de Johnnie to ; Louis Koo, incarnant le « Cerveau », jouait dans « Election 1 et 2 », on retrouve « Le gros ». Le petit bémol est sans doute le manque d’émotion dégagé par ces personnages ; ils expriment peu, aussi restent abstraits.
Pas trop d’humour (par rapport aux films de Johnnie To) mais le drame du « cerveau » manque de visibilité. Le cinéma américain l’aurait surchargé ; là, c’est un peu en deçà pour qu’on soit pris par l’émotion.

Mais sinon, un bon polar bien minuté avec de grandes scènes….

Bon film !!