" Le bruit des glaçons "

Un film français « Le bruit des glaçons » par un grand réalisateur, Bertrand Blier.
Moins de succès depuis quelques années : films peut-être plus faibles mais aussi moins dans l’air du temps vis-à-vis du public. Qui se rappelle de « Combien tu m’aimes ? » en 2005 et de « A l’insu de mon plein gré » en 2007 (là j’avoue que j’ai fait comme le cycliste, j’ai totalement oublié ce film avec Edouard Baer et Carole Bouquet).
En 2008, il était acteur pour Maiwenn pour son film « Le bal des actrices ».
Le revoilà avec un film encore original.

Un homme arrive dans la propriété d’un écrivain alcoolique et se présente à lui comme étant son cancer. Fallait pas l’inviter !!!! Mais il s’invite par lui-même le plus souvent et pour le faire partir, c’est pas si facile…

Idée originale que de personnifier une maladie, un peu comme une divinité. Idée très théâtrale évidemment. Les dialogues suivent évidemment ce concept pour donner à la conversation entre l’écrivain et le Cancer, un caractère cynique, abyssale, funèbre et pourtant pleins d’espoir au final.
Car évidemment les différents stades de la maladie sont traités et le combat en est une phase importante. Je ne vous dirais pas qui gagne mais l’idée est brillante à défaut d’être très réaliste mais nous sommes dans un conte fantastique voire surréaliste.
Ce duo pourrait être assez assommant, aussi Blier a eu la bonne idée de rajouter des personnages : la famille de l’écrivain et une servante qui a d’une certaine façon le premier rôle.

La réalisation est l’élément sans doute qui bloque un peu cette histoire pleins d’idées : ça commence comme dans un film de Lynch (référence avoué du réalisateur) et d’ailleurs le Cancer pourrait rappeler le mystérieux Homme en noir de « Lost Highway ». Mais la grande force de lynch est de ne pas dire les choses (c’est aussi parfois son erreur) alors que Blier énonce, bavarde, exprime. Le mystère n’est donc pas le moteur de cette histoire.
Même si le cadre bouge bien (tout est filmé au Steadycam), on est dans une unité de lieu et la mise en scène est plus simpliste (un souhait de Blier). Pas très excitant quoi ; surtout vis-à-vis d’un tel sujet propice à des idées visuelles en pagaille. Sur ce principe, j’étais un peu déçu.

Le cinéma de Blier, ce sont les acteurs (comme le titre d’un de ses films) et les mots incroyables qu’on met dans leurs bouches. Pas de doute, comme d’habitude, les acteurs sont bons, les mots sont savoureux mais la théâtralisation forcée fait que j’ai eu du mal à croire en leurs personnages (ils parlent parfois à la caméra ce qui coupent notre voyeurisme ; ils se savent aussi observés). Jean Dujardin dans la peau de l’écrivain s’en sort plutôt bien ; on sent bien sa détresse pareil pour la servante jouée par Anne Alvaro (qui sera la révélation du film alors qu’elle est là depuis longtemps mais surtout au théâtre mais aussi dans des séries TV comme « Engrenages »). C’est surtout le Cancer voire les Cancers (vous comprendrez) joués par Albert Dupontel et Myriam Boyer qui sont excessifs donc outranciers et par là-même théâtralisés. De grands numéros d’acteurs mais trop numéro (un peu comme Al Pacino jouant le Diable dans « L’associé du Diable », certes c’est le Devil mais bon…).

Au final, un film plutôt intelligent sur un sujet traité à la comico-dramatique mais trop artificiel pour être tout à fait convaincant, pour être touché par les personnages. On ne l’est pas à mon grand regret.

Bon film !!!