" Hors-la-loi "

Une fresque historique : « Hors-La-Loi » de Rachid Bouchareb.
On a tous entendu parler de la polémique à Cannes alors que personne ne l’avait encore vu.
C’est une suite historique d’« Indigènes » mais pas la suite directe avec les mêmes personnages (alors que ce sont avec les mêmes acteurs).
Rachid en est déjà à 10 films (ou téléfilms) depuis 1985 avec « Bâton rouge » et reçoit sa consécration pour « Indigènes » en 2007 avec le César du meilleur scénario et le prix collectif d’interprétation masculine à Cannes.

Algérie, fin des années 20, trois frères et leurs parents sont expulsés de leurs terres par les colons français. Ils vont vivre le massacre de Sétif ; arriver en France où chacun des frères vont s’engager dans des activités mélangeant criminalité et politique.

Avec un tel titre et vu le sujet apparent, on pouvait se dire qu’on allait voir une saga familiale du crime tel « Le parrain », « Il était une fois l’Amérique » ou du côté français « Le grand pardon » d’Alexandre Arcady. En fait, nous sommes résolument dans un film politique au niveau thématique mélangé avec une fiction romanesque. En cela, nous sommes plus proche d’un Alexandre Arcady que les grands films américains sur les grandes sagas criminelles.
Concernant la polémique tenant à peu de mot : le film serait anti-français. C’est interdit ? Le film est en fait surtout pro-algérien d’une époque. C’est interdit aussi en France ? On n’a plus beaucoup de droits en France alors…
En écoutant un peu les critiques autour du film, je suis ressorti bien plus satisfait que je ne m’y attendais : une histoire forte, romanesque, tragique, violente, politique (et par là-même revendicative). Une narration simple qui englobe plusieurs décennies, qui lie petite histoire et la Grande Histoire. Et au final, les 2h20 passent très bien, ce n’est pas lourd, plus inspiré qu’« Indigènes ». A la fois, bonne histoire de gangsters classique avec un postulat plus politique et historique qui apporte une véracité permettant de donner plus d’aspérités à cette histoire de gangsters qui pourraient être classique de par ce fait.

Visuellement, il y a aussi des améliorations de mise en scène par rapport à « Indigènes » qui n’était pas un grand film de guerre cinématographiquement ; certains disaient même que cela était très téléfilm. Il y a des plans d’ensemble assez intéressant dans celui-ci ; quelques scènes d’action correctes même s’il y a des erreurs de montage (flagrantes dans le cinéma actuel). Bonne reconstitution historique.
Pas une mise en scène du niveau d’un Coppola, d’un Scorsese, d’un Léone, on est donc loin des grands chefs d’œuvre du genre.

Niveau acteur, on retrouve la quatuor d’« Indigènes » : Bernard Blancan (en flic inspiré) ; Jamel Debbouze (héros sympathique) ; Roschdy Zem (héros tragique) et Sami Bouajila (toujours aussi exceptionnel en héros d’une froideur excessive).
Leurs personnages sont complexes, complémentaires et leurs interprètes sont totalement dans leurs rôles : ça mérite encore un prix pour eux.

Et nous avons donc un bon film, divertissant, informatif pour ceux qui veulent.

Bon film !!!!!!!!!!!!!!!!