"Simon Werner a disparu "

Un premier film assez réussi : « Simon Werner a disparu » de Fabrice Gobert.
Documentariste à la télé « lettre à un jeune cinéaste » ; réalisateur d’épisodes de sitcoms adolescents (« Cœur Océan ») ; il ne s’éloigne pas trop de l’univers adolescent avec son premier film.

Une banlieue dans les années 90, dans une classe d’un lycée, un élève disparaît (le fameux Simon Werner) puis ce sont 2 autres élèves de la même classe que Simon qui disparaissent également. Lors d’une soirée d’anniversaire, on découvre un corps…

Ca commence bien avec un fond sonore de Killing Joke et le fameux « Love Like blood » ; puis la musique d’ambiance n’est pas mal non plus : au final, j’apprendrai que c’est Sonic Youth qui en est l’auteur. Fabrice est fan, a demandé au groupe qui a dit oui d’où le côté 90’ (l’époque où Fabrice était jeune) ; on parle d’un concert de Noir Désir du temps de sa grande époque (on entend même « Tostaki ») et on parle de Punky Brewster (qui ça ?? c’est pour les vieux cette référence et amateur de séries ados dans les années 80) pour une petite punk-gothic. Bref, un film pour moi. Oui moi le vieux, le décati, le hors du temps.

Un film où la narration est intéressante (mais pas nouvelle) ; celle de s’intéresser aux divers protagonistes de l’histoire chacun à leur tour (avant cette disparition et après la découverte du corps) afin de comprendre les tenants et les aboutissements de cette histoire.
Le filmage est à l’unisson vu que les mêmes scènes sont vues selon des angles différents pour chaque protagoniste (comme pour le film de Gus Van Sant « Elephant »).
Evidemment l’histoire de Simon sera à la fin.
Une intrigue assez sympa avec des surprises dans un univers « ados – lycée » qui ne peut pourtant pas nous en apporter tant nous l’avons vécu et vu films et séries sur celui-ci.
Au niveau de l’intrigue original (sur ce foutu Simon), on aura la réponse mais pas spécialement explicite sur le pourquoi du comment (on a des pistes mais pas la vérité totale). Pas grave.

Le film étant sur des limites connues, peut-on y trouver de l’émotion, la sensation de la justesse : oui de par les acteurs.
Quelques adultes, un vraiment connu : Serge Riaboukine en prof de math ou de physique (sa matière m’a donc enthousiasmé comme vous pouvez le voir).
Au niveau des ados : certains ont déjà un peu joué ; la révélation féminine est Ana Girardot (fille de Hippolyte Girardot et d’Isabelle Otero = pas mal de charisme en devenir avec une ressemblance plus vers son père) pour le rôle de la plus belle fille du lycée et elle n’est pas que belle. Et tous ces gamins sont vrais tant dans leurs attitudes que dans leurs mots. C’est la seconde réussite du film.

Et troisième réussite (il en faut toujours trois) vient de l’ambiance filmique qui ramène à une série d’anthologie et à un auteur : « Twin Peaks » de David Lynch. Cela n’atteint pas le même niveau mais il y a des références : la forêt, des rues vides, des feux de circulation allumés, des personnages bizarres et puis un titre qui fait penser à « Qui a tué Laura Palmer ? » (Sous-titre de « Twin Peaks ») ; Werner / Palmer ; pas innocent cette consonance, j’en suis certain.
Les personnages sont des archétypes qui peuvent rappeler ceux de la série de Lynch.
Bref, il y a un truc assez sombre qui est sous-jacent.

Sans doute pas parfait pour le côté qualitatif des différentes histoires mais il y a une véracité et une bonne ambiance trouble qui font de ce premier film une assez bonne surprise et une mise en lumière sur un nouveau réalisateur à suivre.
Bon film !!