" Laisse moi entrer "

Un remake américain d’un film européen : « Laisse moi entrer » de Matt Reeves.
Le film original s’appelait « Morse » en français, il était de Tomas Alfredson ; je vous en ai parlé il y a quelques mois (il datait de 2008 mais n’est passé en France qu’en 2009) : superbe film fantastique sur le vampirisme avec une vision originale.
Remake décidé rapidement car l’oeuvre originale ne pouvait passer aux USA (film sous-titré et y’a pas de vedettes américaines : oui les américains sont bizarres). De telles raisons me font tiquer et peut-on faire mieux que l’œuvre originale ; rarement.
Production Hammer (oui comme le studio qui nous a fait de superbes films fantastiques jusque dans les années 70) : c’est un retour.
Quand à Matt Reeves, collaborateur du créateur d’« Alias » et de « Lost », il a réalisé « Cloverfield » (que je qualifierais de bouse vidéographique infâme).
Je partais donc avec quelque a priori, vous trouvez pas ?
Mon mag de ciné favori m’a encouragé… alors me voilà dans la salle : on est 3.

Je rappelle l’histoire : un jeune garçon vit avec sa mère et se trouve être le souffre-douleur de garçons de sa classe. Un soir, il voit arriver ses nouveaux voisins (un vieil homme et une jeune fille). De leur rencontre à tout deux, va émerger une histoire d’amour-amitié particulière car la fille est spéciale, très spéciale (si vous avez fait attention, vous savez ce que c’est ; non, je ne peux rien dire, je ne déflore jamais les films que je vais voir, je ne suis pas un critique moi…).

L’histoire est la même et fonctionne toujours autant : c’est le principal. L’émotion est sincère, le rythme est bon : Matt s’améliore.
On dit que le point de vue est un peu différent du film original : que le désir sexuel serait plus exacerbé dans celui-ci. Je ne trouve pas vraiment ; l’actrice est plus féminine ici mais tout est sous-jacent (une image explicative manque par rapport au film original concernant le sexe de la vampire (ou du vampire), il y avait une ambiguïté dans l’autre film qu’il n’y a pas ici). Et, on est dans un film américain et le sexe, c’est pas propre en plus si c’est avec des gosses.

Visuellement, tourné dans des lieux différents mais, on retrouve bien l’univers déjà vu. Le visuel est plus cinéma que la purge « Cloverfield » filmé au caméscope.
Il n’y a pas beaucoup de différence hormis quelques détails : les pouvoirs de la vampire sont manifestés ici avec des effets spéciaux plus numériques (qui font trop forcés – super vitesse, agilité) ; l’autre film montrait moins et c’était pas plus mal. Pareil pour ses apparitions dans le cadre, toujours très surprenant dans « Morse », ici, plus conventionnelles.

Ce qui fonctionne toujours autant est l’interprétation. Acteurs inconnus pour « Morse » ; ici, nos 2 héros ont eu une actualité récente, ce qui les met à nouveau sur le feu. Le garçon est joué par Kodi Smit-McPhee que l’on a vu dans « La Route » de John Hillcoat où il jouait le fils de Viggo Mortensen. J’avoue qu’il ne m’avait pas fait sensation ; il est ici plus en avant et sa performance est manifeste et différente de celle du héros de l’autre film. La vampirette est joué par la Kick-ass girl, Chloé Grace Moretz, future star absolue, qui montre ici d’autres talents plus intériorisés que pour le film de super-héros où nous l’avions découverte. Elle est aussi différente ; moins ambiguë, plus normale mais plus pour nous surprendre quand sa véritable nature apparaît.
A noter qu’il y a moins de personnages que pour le film original qui s’intéressait également aux habitants ; là, on voit quelques voisins, c’est tout.

Des différences, des ressemblances : normal ; le film garde son ambiance particulière ; peut-être plus acceptable pour le film américain moins froid que son homologue suédois.
J’avoue avoir une préférence pour l’original mais celui-ci tient la route mais aurait pu être vraiment différent pour être utile.

Bon film !!!