" fin de concession "

Un film documentaire de Pierre Carles : « Fin de concession ».
9ème film-documentaire de ce jeune journaliste (qui vieillit) fort célèbre à force de s’être fait virer de presque toutes les chaînes de télé française, à cause de ses reportages très orientés (souvent contre ses propres patrons). Comme la télévision ne lui permettait pas de s’exprimer ; il s’orienta alors vers le cinéma ; tout en restant indépendant vu que c’est la télévision qui paye le cinéma (non, ce n’est pas vous, ami lecteur qui permettait de rentabiliser le cinéma, en plus vous téléchargez au lieu de payer presque 10 euros pour un film de merde le plus souvent. Non, Vous, vous payez pour d’autres, dommage pour vous…). Il nous a offert déjà 9 films après « Pas vu, pas pris », « la sociologie est un sport de combat », etc… jusqu’au dernier en date qui s’appelait « Choron Dernière » sur le professeur Choron (considéré comme un bien pour l’humanité selon Carles, car « libre de corps et d’esprit ». Sans doute, un des rares sur notre Terre).
Pierre a fait de la critique des médias, son cheval de bataille.

Pour son nouveau sujet : Pierre se pose la question concernant la concession de TF1 devenue privée en 1987. Et oui, car le CSA, à l’époque, se réservait le choix de la renouveler ou pas 10 ans plus tard si le cahier des charges avait été bien suivi : des programmes de productions françaises, de la culture élitiste (théâtre, concert classique, opéra, peinture, musée, tous les trucs chiants quoi). Au final, TF1 a était mauvaise élève, a même été condamnée à payer 30 millions ou milliards de francs (je ne saisplus) à l’époque. Et paf, une loi entérine TF1, concession à vie. Et depuis, rien, pas un reportage, pas une enquête sur ce sujet. Pierre va essayer d’interroger des gens qui savent.

Un casting de premier choix (Hervé Bourges, Jean-Marie Cavada, Jacques Chancel, Jean-Pierre Elkabbach, Elise Lucet, Etienne Mougeotte, Audrey Pulvar, Charles Villeneuve, Franz-Olivier Giesbert, David Pujadas) pour une enquête évidemment corrosive mettant en relation le pouvoir (des différentes époques et des différents bords), les milieux économiques et le monde journalistique aux mains de ceux-ci.
Rien de nouveau d’une certaine façon, on connaît bien la clique et leurs tours pendables. L’évolution intéressante concerne plus le personnage Pierre Carles dont la notoriété à la Michael Moore augmente et il s’interroge sur celle-ci en mettant même en lumière ses propres zones d’ombre (ce que ne fait pas Michael Moore) : on voyait ainsi pour « Enfin pris » son acharnement envers Daniel Schneidermann qui fut son ami, son collègue mais qui aurait trahi. En même temps, Daniel est largement mieux considéré que Pierre qui en souffre assurément : ne serait-il pas jaloux…
Pour ce nouveau film, il est tellement connu que ses adversaires savent mieux le combattre d’où de grands moments comiques (involontaires) de désespérance de la part de Pierre car rien ne marche. Il adore interroger les journalistes femmes car il est sous leur charme en gardant pleins de photos d’elles sur son ordinateur.
Comme pour les films de Moore, la critique s’additionne de farce, pour faire passer le message (s’il passe ce qui reste à prouver).
Au final, il tombe comme Michael Moore l’a fait, dans le populisme de bas étage (ici presque du Noël Godin, l’entartreur) : en fait, et il le dit, il aimerait se venger de ces sales types qui l’ont « tué » socialement (même s’il s’en est sorti médiatiquement tel un super-héros). Si le combat est noble ; j’estime que la guerre est perdue depuis longtemps ; mais il y croit le père Pierre alors que son propre film le ridiculise souvent. On apprécie souvent plus la victime que le tortionnaire ; mais…
Ses idées en interviews (http://www.commeaucinema.com/notes-de-prod/fin-de-concession,174510) sont mieux construites à mon sens et moins portées au ridicule que pour son film. Dommage je dirais. Ce qu’il gagne en humanité, il le perd en conviction.

Mais comme à chaque fois, c’est très agréable car souvent drôle ; informatif sur les petits secrets des grands hommes, psychanalytique (ce sont à chaque fois des films avant tout sur Pierre Carles ; il est son meilleur sujet).

Bon film !!!