" La princesse de Montpensier "

Un film d’époque par un grand du cinéma français : « La princesse de Montpensier » de Bertrand Tavernier.
La dernière fois, il évoluait dans le bayou de la Nouvelle-Orléans pour son film américain « Dans la brume électrique » ; le revoici avec un film purement en langue française même si ancienne pour un film d’époque autour de l’adaptation de la nouvelle du même nom de Madame de La Fayette, écrite au 17ème siècle alors que cela se passe au 16ème durant les guerres de religion.

1562, la France est sous le règne de Charles IX, les guerres de religion font rage…
Nous allons suivre le destin de la jeune Marie de Mézières, obligée de se marier au jeune Prince de Montpensier, alors qu’elle aime le jeune (ils sont tous jeune là-dedans, pas croyable !!!) Duc de Guise (le futur « Balafré » même s’il l’est déjà et il en recevra bien d’autres). D’autres soupirants apparaîtront du fait de sa beauté en particulier le jeune (je sais…) Duc d’Anjou, futur Henri III mais aussi un homme plus mûr (ah enfin !) en la personne du comte de Chabannes, ex-protestant, qui fuit désormais tout camp du fait de la barbarie ambiante.

Le film d’époque, Tavernier s’y connaît : « La fille de D’Artagnan » pour le côté « Capes et d’Epées » ; « La passion Béatrice » pour le côté médiéval ascétique et viscérale. Notre film va alterner un peu des 2. Il est réaliste dans ses décors, ses mœurs, son langage ; il est plus théâtralisé au travers de ses intrigues.
Un scénario centré évidemment sur Marie autour duquel les hommes tournent comme des mouches au dessus d’une… (non !!!), enfin, ils tournent. Mais un second personnage possède aussi une main mise sur cette histoire, c’est le Comte de Chabannes, premier personnage qui nous est présenté et dont l’aura marquera tout la fresque. Joué par un Lambert Wilson impérial, son personnage des 2 camps sans en être véritablement, une sorte de soldat-philosophe va être témoin, acteur dans la tragédie qui va suivre.
L’intérêt de cette histoire est évidemment de suivre les affres sentimentales de cette jeune femme, ballottée par de grandes personnes historiques, qui grandira tout en souffrant d’avoir peut-être tout perdu et Mélanie Thierry arrive à lui donner à la fois une candeur et une force (que l’on n’avait peut-être pas vu jusqu’à présent dans sa filmographie).
Comme toujours chez Tavernier, une histoire forte, presque épique, qui passe par des personnages habités comme le futur Duc de Guise, joué bestialement par un Gaspard Ulliel ou le Prince de Montpensier trop faible dans ce monde impitoyable bien interprété par Grégoire Leprince-Ringuet que je ne connais pas trop, j’ai du le voir mais sans le remarquer dans « L’armée du crime », il avait déjà joué dans une adaptation mais libre d’un livre de La Fayette (la Comtesse de Clèves réadaptée pour « La belle personne »)].

Un visuel cinématographique efficace avec des scènes de bataille et de combat, plutôt réalistes avec des chorégraphies travaillées en ce sens ; des décors naturelles magnifiques, des costumes superbes (ah celui de Lambert Wilson, on croirait un aventurier d’un film d’Héroïque-fantasy) et une caméra toujours là où il faut.

Malgré une durée conséquente (2h20), on ne voit pas le temps passé à ces intrigues de cours (les dialogues à double sens), à ces chevauchés endiablées et à ces passions que la raison révoque.
Un grand film, plus aventureux que son précédent, qui était bien mais trop normalisé « américain » alors que celui-ci est typiquement « Tavernien ».

Bon film !!!