Pour relever le niveau après un film de pneu bien nase : un super mélo, « Mother and Child » de Rodrigo Garcia.
C’est le fils, non pas du sergent Garcia (je me devais de la faire…) mais de Gabriel Garcia Marquez (tout de suite, ça calme !) et dont la carrière de réalisateur commence à avoir une cohérence. 3 films : « Ce que je sais d’elle… » (Prix Un certain Regard à Cannes en 2000) ; « Nine lives » (Léopard d’Or du Festival de Locarno en 2005) ; et « Les passagers » en 2008.
Il est passé également par la case TV avec 2 séries qu’il a réalisées : « Six Feet Under » et surtout « En Analyse » (une incroyable série sur la psychanalyse que je n’ai toujours pas vue ; je fais une analyse pour savoir pourquoi, ne vous en faîtes pas !).
Habitué aux prix, « Mother and Child » a reçu le Grand prix du dernier Festival de Deauville.
Le film est produit par 3 fées énormes (Guillermo Del toro, Alfonso Cuaron et Alejandro Gonzalez Inarritu).
Le destin croisé de 3 femmes au prise avec la maternité : Karen a eu très jeune, une fille, Elisabeth, qu’elle a fait adopter. Celle-ci est devenue une brillante avocate, avec des habitudes de vie particulières. Lucy, elle cherche à adopter un enfant.
Le film n’est pas une démonstration de mise en scène avec caméra virtuose : sa plus grande qualité semble d’être là où il faut pour capter les émotions nécessaires ; et il n’en rate aucune sans que cela nous semble « jouer ». Bref, une certaine maîtrise.
Son point le plus fort concerne un scénario d’une justesse incroyable sur la finesse psychologique des personnages en particulier féminin qui n’ont jamais semblé aussi vrais. Ses 2 premiers films (que je n’ai pas vus) étaient également des études sur des personnages féminins. Pas des films féministes pour autant ; les personnages masculins ne sont pas caricaturaux. Il les a voulu « simplement » bon, humain, moderne (peut-être). Autant Lucy est un personnage en dehors de l’histoire originale (de la mère /fille) et plus normatif (encore que) ; Karen et Elizabeth sont vraiment 2 superbes personnages, d’une complexité incroyable, d’une sensibilité en dehors des normes (protectionnisme excessif pour Karen, un caractère dominateur pour Elizabeth). D’incroyables cas de psychiatrie à analyser et avec une justesse à la fois infiniment bien joué par les acteurs mais également par la réalisation qui ne nous impose rien. Les silences dans le film en disent plus que toutes les explications.
Le casting est celui qui nous fait passer toutes ces émotions (et il y en a ; c’est un mélo d’une tristesse abyssale déchiré par quelques éclairs de lumière salvatrice).
Les 3 femmes : Annette Bening (d’une sensibilité exacerbée), une Naomi Watts en froide conquérante et indépendante vis-à-vis de tout (sa prestation est d’un réalisme) et Kerry Washington (la moins connue : meilleure actrice pour le film « Ray », elle jouait dernièrement dans le second volet des « 4 Fantastiques ») ; elle a quelques belles scènes également.
2 acteurs : Samuel L. Jackson, très sobre et Jimmy Smits (l’inspecteur Simone dans les premières saisons de « NYPD Blues » et un procureur exterminateur dans la saison 3 de « Dexter ») qui a grossi, mais qui apparaît très humain comme dans « NYPD ».
Un grand film, surprenant, à l’image de ses personnages combatifs (pas gâtés par la vie) et pas le mélo facile et caricaturale que peuvent être parfois ces films.
Bon film !!!!!!!!
Mar 23 Nov - 10:17