"Quartier lointain "

Un film français, fait par un belge-polonais : « Quartier lointain » de Sam Garbarski, adapté d’un manga de Jirô Taniguchi.
3ème long métrage du réalisateur après « Le tango des Rashevski » en 2004 et « Irina Palm » en 2006 (c’est là que j’ai entendu parler de lui ; même si je n’ai jamais vu ce film avec Marianne Faithfull) : on peut dire que je ne connais pas bien le bonhomme.
Et si je rajoute que je ne connais pas non plus le manga original (de 2003 en France où il reçut le prix du meilleur scénario à Angoulême) d’un mangaka au style de dessins très européens et qui a eu un très gros succès en occident (moins au Japon).
On pouvait dire donc que j’arrivai sur ce film avec aucun a priori.

Thomas, la cinquantaine, est un dessinateur de BD, dont la vie lui semble tourner dans le vide. Lors d’un voyage, il arrive par hasard dans la ville de son enfance. Il fait un malaise et se réveille 40 ans plus tôt dans son corps d’adolescent. Il va ainsi pouvoir résoudre le mystère de son enfance : la disparition de son père.

Une histoire qui se passait au Japon, est devenue une histoire se passant en France, dans les Alpes.
Ce n’est pas l’histoire d’un flash-back mais bien un retour en arrière et le personnage se rappelle qui il est donc sait son avenir : cela change tout, peut-il donc changer ce passé ?
En tant qu’ado, il va vite montrer à ses familiers qu’il a changé (tu m’étonnes ; il est plus sage, encore que. En tout cas, plus attentionné à retrouver des émotions de son passé et envers les êtres parfois disparus).
Sans m’avancer beaucoup, je pense que ces qualités se trouvaient dans la BD d’origine et sont assez bien traduites vu que le rythme n’est pas le même entre un film et une BD
En même temps, nous avons donc l’enquête de notre héros pour savoir ce qui s’est passé avec son père : je ne vous dis rien évidemment (mais ceux qui ont lu la Bd savent). Cette disparition ayant eu des conséquences désastreuses sur la famille, on va voir notre héros travailler sur celles-ci comme pour les éviter dans son propre avenir (cela marchera-t-il ?).

Ce retour dans le passé au niveau réalisation nous ramène à des films des années 60 (un petit côté Tati), il y a cette atmosphère de petit village, le manque de technologie ; la Nature nous semble plus présente, plus libre. Le visuel et l’atmosphère me font penser également aux films de Miyazaki de même que dans les grandes thématiques ; il y a comme une morale de vie.
C’est beau, reposant, pas agressif pour un sou. On pourrait presque dire : frais.

Notre héros est joué vieux par Pascal Greggory, lui apportant toute la retenue nécessaire, et par Léo Legrand quand il est jeune (15 ans) (il a joué dans « Jacquou le Croquant » de Boutonnat, dans « Les enfants de Timpelbach ». je n’ai vu aucun de ces films). Il a une bonne tête et lui comme les autres enfants sont évidemment d’un grand naturel.
Sa mère dans le film est joué par Alexandra Maria Lara qu’on avait découvert dans « La chute » puis dans « control » de Corbjin : elle représente bien la femme de cette époque autant dans le visuel que dans le caractère.

Il y a des modifications évidemment entre la BD et le film en particulier sur la profession de Thomas que est donc dessinateur (un hommage au créateur de la BD que l’on peut apercevoir en fin de film) et ce parallèle est fort peu innocent dans les dernières images qui illustrent des alternatives de compréhension de cette histoire. Peut-être un film dans un film. La BD apparemment ne jouait pas sur ce principe.
Bien jouée, une histoire belle et émotionnelle, une réalisation subtile : je trouve que cela fonctionne plutôt bien. Faut que je lise la Bd pour voir maintenant son envers.
Bon film !!!!!!!