" L'Apollonide, souvenirs de la maison close "

Le nouveau Bertrand Bonello : « L’Apollonide, souvenirs de la maison close ».
Musicien avant tout qui a accompagné pas mal de monde de la variété ou du rock français. C’est en 1998, qu’il réalise son premier film, « Quelque chose d’organique » mais c’est avec « Le Pornographe », en 2001, qu’il se fait vraiment connaître, le scandale autour de ce film sulfureux faisant parler de lui. 2003 sort « Tiresia », film sur un transsexuel, joué par un vrai transsexuel. Il joue un peu à l’acteur puis réalise 2 films « Cindy » en 2007 et « De la guerre » en 2008 (me semble n’avoir pas vu ces 2 derniers ; en tout cas, pas de souvenirs).

A la fin du XIXème siècle, le quotidien de l’Apollonide, une maison close avec ses clients, ses prostituées.

Les spectateurs qui viendraient s’encanailler, seront déçus, le sexe n’y est pas jouissif (hormis un orgasme final) mais ses autres films ne l’étaient pas non plus mais étaient plus hards. Là, c’est presque prude tout en étant cru.
Le film a mon sens manque d’une réelle narration, d’une dramatisation. Seules deux pistes vont dans ce sens : les problèmes financiers de la tenancière mêlés à la future fermeture des maison closes et surtout l’agression sur une prostitué avec ses séquelles {un sourire à la Joker qui fait qu’on l’appelle « la femme qui rit » en hommage au film « L’homme qui rit » d’après un texte de Victor Hugo (film qui est la référence de la naissance du Joker selon le créateur de Batman)}. La scène du souvenir de l’agression arrive tard et nous voyons le changement de statut pour cette prostituée même si elle jouît ainsi d’une certaine promotion.
Nous avons aussi une jeune fille (16 ans) qui arrive dans le bordel pour y devenir prostituée. On se dit que c’est par l’intermédiaire de son personnage qu’on va suivre l’aventure mais le personnage s’en ira.
Bref, c’est un peu décousu alors qu’il y a des idées, de bons personnages mais tout est trop « épisodique ».

Visuellement, c’est oppressant de par le fait que presque tout se passe dans cette maison qui est une prison ; pas d’ouverture vers l’extérieur à part une scène à la campagne. La lumière est chatoyante ; faut plaire aux clients.
Des effets de split-screen (écrans composés) qui ne me semblent pas du meilleur effet.
Même si le filmage n’est pas exceptionnel ; il y a néanmoins des scènes fortement émotionnelles et ce grâce à la musique (Bonello n’est pas musicien pour rien) mais une musique hors de ce temps comme de la soul (générique et pour la mort de l’une des prostitués) et du morceau célèbre de Procol Harum pour célébrer cette prostituée. Effet bizarre mais associés aux images, un truc se passe.

On ne connaît pas bien les comédiennes hormis Hafsia Herzi mais elles sont toutes convaincantes dans leur détresse. La plupart des hommes dans le film sont en fait des metteurs en scène venus faire l’acteur : bon également mais le film est froid, aussi l’émotion passe difficilement hormis pour les scènes que j’ai déjà citées.

Le film est mieux au final qu’à son début mais j’y ai entrevu des pistes scénaristiques qui auraient pu fortifier le film car en l’état, il n’est pas très séduisant.

Bon film !!