" Vous n'avez encore rien vu "

Le dernier film d’Alain Resnais : « Vous n’avez encore rien vu ».
Sans doute un peu présomptueux comme titre…
Le je sais pas combien-tième film d’Alain et je compterais pas mais son précédent en 2009 était « Les Herbes folles » qui m’avait frustré (ce nouveau film fera pareil).
C’est une adaptation très très très libre de 2 pièces de théâtre de Jean Anouilh : « Eurydice » et « Cher Antoine ».

Après sa mort, Antoine, homme de théâtre, fait convoquer chez lui tous ses amis comédiens ayant joués dans différentes versions de sa pièce Eurydice pour assister à l’ouverture de son testament.

Très rapidement, rameuter des comédiens jouant leur propre rôle dans un lieu clos m’a fait penser à « 10 petits nègres » ou « Le dernier des 7 « (magistral épisode de « Chapeau melon et bottes de cuir ») : y’a des similitudes mais adieu au suspense et au côté policier, cela n’a rien à voir.
En fait sans trop vous en dévoiler, nos comédiens vont rejouer des scènes de cet « Eurydice » comme des souvenirs. C’est le principe du film. C’en est une limite. Les mêmes scènes sont parfois rejouées par d’autres comédiens. Bref, on ne comprend pas bien l’enjeu. J’en parlerais donc en conclusion.

Les sujets chez Resnais sont toujours comme un prétexte et là aussi ; ce qui intéresse vraiment le cinéaste, c’est la mise en scène. Elle est ici évidemment bizarre, sur plusieurs plans (réalité, pièces, écran, souvenirs, répétitions), on s’y perd un peu et c’est fait pour oublier que c’est une pièce et que nous avons à faire à des comédiens. A un certain moment, on croit vraiment que ces hommes et femmes ont ces émotions : c’est beau le cinéma.
Le visuel est très théâtral et les décors sont souvent des décors virtuels (ce qui n’a pas choqué car je ne le voyais pas, hormis à un moment où je voyais que les pieds de la comédienne ne semblait pas poser pied justement).

Comme souvent, ce sont les comédiens qui font avaler la pilule : une grosse partie de la troupe habituelle et des petits nouveaux. Ils sont donc eux-mêmes interprétant des personnages de la pièce quand ils la jouent.
Pierre Ardity et Lambert Wilson interprètent donc Orphée ; Sabine Azéma (assez fausse dans son jeu) et Anne Consigny (très séduisante, je l’avais jamais vu comme cela) jouent Eurydice ; on retrouve aussi Piccoli, Mathieu Amalric, Michel Vuillermoz, Annie Duperey et des petits nouveaux comme Denis Podalydes qui jouent ce cher Antoine ainsi qu’Hippolyte Girardot.
Selon les scènes et les couples, y’a des moments forts (j’avoue que le couple Lambert Wilson et Anne Consigny, c’est pas mal).

Si les costumes ne sont pas de Roger Hart ni les décors de Donald Cardwell, la musique est bien de Mark Snow (la musique d’X-Files) comme pour les 2 films précédents du réalisateur et apporte indéniablement une atmosphère presque lyrique et sombre avec quelques très belles mélodies de piano.

Des gens ont baillé, voire se sont endormis, une personne a quitté la salle : le ton est assez emprunté voire obséquieux, cela peut énerver. Au final, on comprend que le film pourrait faire penser à un testament du propre réalisateur (il s’en défend). A mieux fait…

Bon film !!