"le grand alibi"

Retour avec un film français : « Le grand alibi » de Pascal Bonitzer.
Le monsieur fut journaliste aux Cahiers du Cinéma dans les années 70, puis scénariste en particulier pour André Téchiné et surtout Jacques Rivettes (10 films ensemble), puis il réalise son premier film « Encore » en 1996 avec Jacky Berroyer (amusant) suivi en 1999 par « Rien sur Robert » avec Fabrice Luchini (sympa aussi). Ce sont les 2 seuls films de lui que j’ai vu, il en a fait 2 autres qui s’éloigneraient de la comédie.
Il est donc de retour avec une adaptation d’un roman d’ Agatha Christie « The Hollow » (traduit en France par « Le Vallon ») mettant en scène le célèbre détective Hercule Poirot : Pascal va éliminer ce personnage et actualiser l’intrigue.

Plusieurs membres d’une famille et des amis se retrouvent un WE chez le sénateur Pierre Collier. L’un d’eux est assassiné ; un autre arrêté. C’est le début d’une énigme policière qui va permettre de démasquer tout à chacun…

Vous avez compris, l’histoire semble bateau et c’est plutôt vrai d’autant que le réalisateur confirme que c’est l’un des romans les plus faibles d’Agatha : aussi le mystère n’est pas le plus important ; comme d’habitude, tout le monde est suspect mais je pense que le titre n’est pas très bien choisi, il donne trop d’indices (mais je n’ai rien dit…).
Apparemment le livre s’intéressait plus aux intrigues amoureuses qu’au meurtre ; pascal fait de même donc tout le monde a au moins couché avec tout le monde, peut-être même le chat qui a du s’en prendre pleins le…
Pascal a voulu entreprendre une « désagathachristisation » pour se démarquer sans doute. L’intérêt des romans d’Agatha est ce côté anglais fait de non-dits, de mesquineries petits bourgeois et d’humour macabre. On se dit que Chabrol est le mieux à même pour traduire cela en France même s’il est moins corrosif qu’à une époque.
Pascal va jouer au « cul entre les 2 chaises », célèbre jeu où généralement personne ne gagne et il ne fait pas mentir l’adage : on passe par tous les registres en les effleurant.
Si le roman n’était pas très réussi ; l’histoire de ce film non plus, on n’y croit pas vraiment en fait et pour tout dire, on s’en bat le coquillard.

La mise en image est comme souvent en France, inexistante : quelle belle pièce de théâtre radiophonique, sûrement un film pour aveugles.

Côté acteurs, le seul intérêt ? Des habitués rompus au genre : Arditi, Miou-Miou, lambert Wilson, Valéria Bruni-Tedeschi.
Ils jouent en pilote automatique ; ça manque de vérité, de sincérité, on n’y croit pas quoi…

Dans une salle remplie de vieux, surtout de vieilles : vous avez compris… j’ai pas besoin d’ajouter quoi que ce soit.
Les adaptations des Gaston Leroux par Bruno Podalydès (« mystère de la chambre jaune » et « parfum de la dame en noir ») ayant des apparentés avec l’œuvre d’Agatha, n’étaient pas exempts de défauts mais avaient au moins choisi d’accentuer le côté comique pour montrer plutôt une farce alors que là cela semble involontaire donc moins pardonnable.

Bon film !!!!