" The killer inside me "

Quelques mois après le documentaire « La Stratégie du choc », retour du prolifique Michael Winterbottom avec « The killer inside me ».
Michael que l’on a découvert en 1995 avec « Butterfly Kiss » et qu’on a suivi avec un film ou plus par an ; il balaye tous les genres, fait de la fiction, du reportage voire mélange les deux, il y a du rock, de la politique et du sexe dans son œuvre.
Dernièrement, il avait sorti « Un été italien » (une sorte de drame romantique) puis « la stratégie du choc » (un très bon documentaire sur notre étrange période économico-politique de la Fin des temps). Il a déjà réalisé 2 films depuis notre « killer… ».
C’est une adaptation d’un roman de Jim Thompson du nom « Le démon dans ma peau » ; auteur fortement provocateur dont l’œuvre a donné quelques grands films comme « Coup de Torchon » de Tavernier ; « Série noire » d’Alain Corneau ou « Les Arnaqueur » de Stephen Frears. A noter que le livre de Thompson fut déjà adapté en 1976 par Burt Kennedy sous le nom d’« Ordure de flic » avec Stacy Keach (la série « Mike Hammer » pour les plus vieux ; le directeur de la prison de la série « Prison break » pour les jeunes).

Lou est un flic dans une petite ville du Texas dans les années 50. Bonne petite gueule, sympas, il a une copine avec laquelle, il y a des projets de mariage. Il rencontre une belle prostituée et là on se rend compte qu’il est quand même assez bizarre : des côtés pervers fortement affirmés et ce n’est que le début d’une histoire où sexe et meurtre finiront bien mal pour beaucoup…

Le film de 1976 présentait tout de suite le personnage avec son titre car le héros est un foutu salopard, c’est un fait et il a bien le « Killer inside en lui » ; on appréhendera des éléments de son enfance qui montreront ses penchants mais n’expliquera pas ou il faut « lire entre les images » (pas facile hein ?). L’élément intéressant est que le personnage paraît sympathique et l’instant d’après il peut déchaîner une sorte de fureur froidement.
Pas de morale dans cette histoire, c’est du cynisme, de la violence, de la folie, le Mal incarné.

Pour mettre cela en scène, Michael nous fait une bonne reconstitution de cette époque et d’une contrée qui a un peu ses propres lois (et si en plus notre héros l’incarnant, en fait ce qu’il veut pour assouvir ses penchants sadiques) ; il n’hésite pas à visualiser la violence de front d’où les critiques sur le film concernant une certaine violence gratuite (faux, j’ai payé pour la voir) voire une misogynie (il a le droit de tabasser des femmes quand même, c’est lui le méchant et le héros…) : j’avoue que le filmage et le montage des scènes de « Grandes violences » sont assez incroyables ; on ne peut qu’y croire et en être horrifié (les actrices ne se montrent plus d’ailleurs, elle n’ont plus de visages humains) ; d’autant que le héros exulte dans ses moments là. De grands moments de cinéma qui pourraient rappeler les excès des films de tortures japonais.

Notre héros a les traits de Casey Affleck, le frère de l’autre que je ne supporte pas. Ce brother-là est d’un autre niveau, il est là depuis longtemps (« Prête à tout » de Gus Van Sant (milieux 90’) mais on l’a vraiment remarqué il n’y a que quelques années dans « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » qu’il interprétait et dans « Gone baby gone » réalisé par son frère (qui se montre meilleur réalisateur qu’acteur) ; seul bémol dans notre film, l’acteur a une voix assez désagréable (nasillarde ; peut-être plus prononcé pour avoir un côté texan et comme il est la voix off en plus).
2 filles principales : Kate Hudson qui joue sa copine et surtout Jessica Alba, la prostituée dont on voit le magnifique joufflu qui sera fouetté nerveusement (et là on crie, on pleure, non pas les fesses de Jessica, ignoble flic !!!). Kate aussi aura sa dose mais c’est pas Jessica ; donc hein, qu’elle la ramène pas.

Un film où on peut ressentir à raison un certain malaise (le livre fut taxé d’ignoble en son temps et pourtant il n’y avait pas Jessica… comment ça, je fais une fixation ?) ; un polar fiévreux, malsain, amoral. Un vrai quoi.

Bon film !!