" Une nuit "

Un polar français : « Une nuit » de Philippe Lefebvre.
C’est le premier long de cet acteur de télévision le plus souvent : très longtemps dans la série « Une femme d’honneur » et dans beaucoup d’autres et dans quelques films comme ceux de Guillaume Canet ou dernièrement le dernier film de Cédric Klapish (« Ma part de gâteau ») ou d’Olivier Baroux (le copain de Kad), « Les Tuches ».

Paris. Simon Weiss, commandant à la Brigade Mondaine, entreprend, comme chaque soir, sa tournée des établissements de nuit. Son métier. Une nuit, mais pas comme les autres… Très vite Weiss comprend qu’on veut le piéger. Pris en tenaille entre la police des polices et les voyous, Weiss va se défendre, affronter flics, hommes d’affaires et malfrats...

Un film proche dans son visuel et sa narration double de « Collateral » de Michael Mann. Un road movie avec une unité de temps (une nuit pour raconter cette histoire) en montrant les us et coutumes de la vie by night au travers de la tournée de ce flic qui a pour rôle de surveiller, de punir s’il faut.
Et en même temps, s’installe une histoire sur un long terme, une sorte de piège pour détruire ce flic. Vous saurez si cela marche à la fin même si…
Le film est surtout l’expression de ce flic toujours en marge de la loi mais pas de sa ligne de conduite d’où une sorte de marginalisation (bref, notre homme est surveillé par les bœufs-carottes).
Notre flic est accompagné chaque soir par un chauffeur différent : là, une jeune flic qui ne connaît pas comme nous ce monde et qui va le découvrir tout comme nous.
J’ai pressenti assez rapidement un coup de théâtre qui s’avéra exact à la fin : je ne vous dis rien évidemment.
Le film étant écrit par un ancien flic de la mondaine, le réalisme de ce travail particulier est plutôt crédible.

Visuellement, une errance dans Paris et dans des lieux assez mal famés ; un Paris un peu pluvieux, de nuit, donc très réfléchissant d’où un aspect assez Michael Mann sans la virtuosité mais très agréable. Une caméra portée pour suivre notre héros à l’intérieur mais sans que cela soit désagréable. Le visuel suit la progression de notre héros.
C’est un film de dialogues donc oubliez les scènes de fusillade (il doit dégainer une fois et même pas tirer).
Un truc amusant, bien que de la police : pas de ceinture de sécurité, pas de clignotant et va s’y que je me gare n’importe comment. Elle est belle notre flicaille…

Un film d’acteurs avec en point de mire Roschdy Zem qui apporte à la fois une élégance, un côté félin (rappelant Delon), une douleur intérieur. Il est calme et pourtant dangereux comme peut-être un serpent (toujours comme Delon).
La fille c’est Sara Forestier qui arrive à exister dans pourtant une sorte de rôle de spectatrice-suiveuse.
Samuel Le bihan, Grégory Fitoussi (« Engrenage », la meilleure série française et dernièrement la série « Les hommes de l’ombre » remarquable également), une petite participation de Gérald Laroche et de Richard Bohringer. Bref, un casting de gueule.

Un polar existentiel à la fois mutique et parsemé de dialogues incisifs, à l’atmosphère enfiévrée. Un vrai polar, à la fois ludique et réaliste et un grand Roschdy Zem.
Bon film !!