"Surveillance" : le film barge de l'année

Un grand film par une revenante (dans tous les sens du terme) : « Surveillance » de Jennifer Lynch.
Fille du grand David Lynch, sa carrière a commencé par la rédaction du « Journal intime de Laura Palmer » (l’héroïne de la série « Twin Peaks » créée par son père) que tout fan de la série se doit d’avoir ; puis réalise en 1993 son premier film « Boxing Helena » avec Sherilyn Fenn (Audrey de « Twin Peaks », la fille qui fait des trucs dingues avec ses chewing-gums) : c’est pas le super succès mais le film est bien barré (l’ombre du père est difficile pour elle).
Puis c’est le passage à vide : procès avec Kim Basinger (qui aurait du faire le film mais qui s’est désistée, elle avait peur du coté sulfureux, donc procès juridique à n’en plus finir…). Elle a fait une petite fille. Et puis elle est victime d’un grave accident de la route : on peut dire qu’elle n’émerge que maintenant, à 40 ans.
C’est donc son second film (mais quel film !).

Un crime abominable est commis par 2 tueurs sadiques dans une petite ville du centre des USA : la police est sur les dents. 2 agents du FBI sont envoyés pour interroger 3 témoins : un flic nerveux, une junkie et une petite fille. Chacun va dire sa vérité mais comme le dit une série célèbre, « la vérité est ailleurs ».

Ca commence par un meurtre, pas vraiment visible mais surtout très sonore : c’est du brutal concentré ; on se croirait dans la séquence finale du film « Twin Peaks » (la préquelle de la série). Ça commence bien quoi.
C’est un film de points de vue, le plus célèbre restant « Rashomon » de Kurusawa. On sait qu’on va être blousé car qui peut dire la vérité, c’est un jeu au chat et à la souris.
Il faut rajouter à ce jeu, le propre jeu du point de vue du réalisateur : le film ne s’appelle pas « surveillance » par hasard, un des agents du FBI filme les interrogatoires et regarde ceux-ci en direct ; nous aussi par la même occasion, on surveille tous et tout ce qui pourrait nous éclairer.
Un personnage va découvrir la vérité ; je l’ai compris au même moment : le film doit être sacrément bien écrit alors puisque cela ne peut-être que là qu’il y a un indice. Toute supposition avant serait de la probabilité. Bref, un film dont il ne faut pas savoir grand-chose avant d’aller le voir.
La narration est bonne voire très bonne mais la substance ne l’est pas moins : le film est le plus malsain que j’ai vu depuis un bout de temps.
C’est un film de témoignages qui va dériver vers le thriller, voire l’horreur mais suggestive, ce qui est pas trop à la mode en ce moment où c’est un déballage de barbaques sur des images les plus surexcitées possibles (ça me dérange pas d’en voir mais comme toutes choses on s’habitue, il me faut alors des doses Enormes presque inhumaines pour que cela me fasse quelques choses). La suggestion, y’a pas à dire, c’est toujours plus fort car c’est l’esprit qui travaille et vu le mien…
Film mélangeant mort, sexe, violence et un certain humour (enfin y’avait que moi qui me marrait…), ce que l’on pouvait trouver dans son premier film et… dans l’œuvre de Papa : bref, que du bon goût.

Visuellement, une mise en scène très étudiée (une mise en scène par point de vue), à la fois sans étalage « vulgaire », mais ultra précise en laissant la place aux personnages, c’est eux le moteur du » Mensonge ».

Les acteurs sont surtout connus pour le couple du FBI : Bill Pulman (qui a joué pour Papa dans « Lost highway ») et Julie Ormand (plus souvent dans des trucs romantico, c’est sans doute le film le plus sale qu’elle est fait) ensuite quelques têtes connues comme Michael Ironside qui ne joue pas un pourri pour une fois mais le shérif de cette ville.
Les acteurs sont parfaits pour tous ses personnages petits, vils, humains comme serait la pire déjection.

Car voilà ce qu’est le film : un mix entre une éjac et le sang qui s’écoule. Si cela s’appelle pas une renaissance, ça !!!
Allez le meilleur film de l’année en attendant « The Dark Knight » (bientôt, bientôt !!!).


Bon film !!