"Bataille à Seattle"

Et encore un film d’un acteur après celui de George Clooney : « Bataille à Seattle » de Stuart Townsend.
On l’a découvert en 1997 avec la charmante Kate Beckinsale dans « Shooting Fish », puis avec le très bon « Resurrection man » ; s’essaye au gros film commercial raté en prenant le suite de Tom Cruise en incarnant le vampire Lestat de « La Reine des damnés » et avec la grosse bouffonnerie que fut « La ligue des Gentlemen extraordinaires » de Stephen Norrington (pourtant réalisateur du bon « Blade »). D’autres films ensuite qui lui permirent de rencontrer Charlise Theron et de l’épouser (le salaud) mais bon pas une carrière mirobolante.
Et voici son premier film qui se permet d’être tiré de faits réels et d’être à messages : mais ils sont fous ces acteurs ; on leur demande seulement de vendre du pop-corn et des esquimaux.

Le film parle de la période du 30 novembre au 3 décembre 1999, à Seattle où se tenait la troisième Conférence de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Destinée à ouvrir un cycle de négociations visant à ouvrir davantage les marchés des biens, services et produits agricoles, elle constituait la plus grande conférence du commerce jamais tenue. Plus d'un millier d'ONG étaient présentes sur les lieux, organismes de défense des consommateurs, réseaux alternatifs, associations de défense de la diversité culturelle et sociale... L'ampleur des manifestations empêcha la tenue de la première journée de réunion, mais malgré le pacifisme généralement affiché, une poignée de provocateurs a suffi à déclencher l'intervention brutale des forces de police. L'état d'urgence et le couvre-feu furent même décrétés. Les images de ces évènements diffusés dans le monde entier ont spectaculairement inauguré la médiatisation de la lutte altermondialiste. Au milieu de ce grand bordel, nous allons suivre plus particulièrement différents intervenants de chacun des camps.


Vous avez compris, nous avons à faire à un film œcuménique ; qui va nous énoncer toutes les opinions des divers participants, à la fois ceux qui sont dans la lutte et les divers collatéraux.
Tout de suite, ça fait moins militant, c’est du prudent. En même temps comme ces luttes me laissent totalement indifférents, cela permet de mettre plus en perspective.
L’histoire me laissant donc assez froid ; je vais m’éloigner du propos pour plus vous parler de la mise en scène.
On a l’impression d’un grand reportage, ce qui donne un côté réaliste, il y a même des images d’archives, surtout politiques.
Petit budget mais pourtant grande emphase de scènes d’émeutes plutôt bien foutues, on s’y croirait.

Si ce n’est pas un film à thèse, Stuart a essayé d’en faire un film de personnages qui soient autre chose que des archétypes de « valeurs » ; bref, d’en faire de vraies personnes et c’est plutôt réussi : on suit donc 4 futurs altermondialistes avec des intérêts différents, des policiers, leurs femmes, des hommes politiques de la ville, des invités de la conférence, des journalistes.
Tout ce petit monde voit que la situation dérape et pas facile de faire la révolution « pacifiquement » (qui peut croire encore ça ??).

Et pour ces personnages, un bon casting : sa femme Charlise (dans un rôle mineur néanmoins : une victime collatérale), Woody Harrelson en « CRS », Ray Liotta en maire, Michelle Rodriguez en manifestante tout comme Jennifer Carpenter (la sœur de Dexter dans la série du même nom). Bref, pas trop le casting superficiel souvent visible dans les films catastrophes ; un bon casting pour des bons personnages.

Un film plutôt bien fait ; peut-être pas assez vigoureux dans la défense d’une thèse (quoi quelle soit) même si on sent que Stuart serait pour cette lutte qui semble pourtant bien vaine (c’est dans la conclusion).
Un bon moment quand même : le manifestant héros et le flic héros s’expliquent (ils se battent entre eux alors que le véritable ennemi n’est jamais embêté (celui qui est dessus du flic et toujours au-dessus)).
Voilà sans doute pourquoi le monde sera et restera toujours ainsi comme il a toujours été.