"la guerre selon Charles Wilson"

Et maintenant une comédie (enfin je croyais) : "la guerre selon Charles Wilson" de Mike Nichols.
Un réalisateur avec un certain passif : 1968, "le lauréat" ; 1971, " Ce plaisir qu'on dit charnel" ; "Primary Colour" en 1998. Des ratages : "Wolf" en 1994 ; "The Birdcage" en 1996, le remake de la cage aux folles.
Son dernier film était en 2004, "Closer, entre adultes consentants" avec Julia Roberts, Nathalie Portman : un film sulfureux comme seuls les américains savent le faire… en oubliant le sulfureux mais en le disant très fort que c'est sulfureux ; ça fait vendre !
Ce nouveau film politique (donc sulfureux) est en fait une histoire vraie : celle de Charles Wilson qui a été racontée dans le livre "Charlie Wilson's war" de George Crile, paru en 2003.

En 1980, Charles Wilson est un député du Texas, connu pour ses penchants pour l'alcool et les femmes. Il va néanmoins s'intéresser à la guerre en Afghanistan : une guerre hautement symbolique ; les soviétiques se trouvant dans une position analogue aux américains au Vietnam. A ce moment là, la guerre froide ne permet pas aux USA de s'exhiber dans le coin et peu d'argent est utilisé pour contrer la menace communiste.
Charles Wilson va contre toute attente, donner son maximum pour changer la situation : argent, voyage, rencontres, stratégie.

Et vous le saurez très vite : il a réussi. La guerre en Afghanistan qui s'est fini, c'est lui. La chute de l'empire soviétique, c'est lui.
A la fois film politique, sur cette période plutôt trouble et par toujours très connue ; film d'espionnage (pas un 007 pour autant) réaliste ; film journalistique et historique, films de personnages (qui pourrait faire penser à une comédie dramatique).
La narration est enlevée, presque haletante, on pourrait croire à un thriller-politico-journalistique : l'agencement des faits, des actes entraîne une sorte de fantaisie qui rend le sujet grave à la base plutôt sympathique.
L'histoire secrète de l'Afghanistan s'est faite dans les cabinets des députés, dans les bureaux de la CIA et surtout grâce à l'alliance d'ennemis héréditaires du Moyen-Orient : vu les enjeux, se représenter Charles Wilson comme le dénominateur commun de cette réussite est assez amusant.

L'histoire est un peu embellie ; les personnages sûrement plus charismatiques qu'ils n'étaient en réalité.
De bon acteurs pour tout ça : Tom Hanks est donc ce Charles Wilson et comme c'est l'acteur préféré des américains, le personnage nous apparaît à la fois sympathique, humain car faillible : prestation supérieure à celle qu'il nous a fait dans "DaVinci Code" (pas difficile me direz-vous !).
En agent de la CIA, Philip Seymour Hoffman retrouve Nichols (il jouait le rôle de Michel Serrault dans "The Birdcage") et fait une prestation toujours juste.
Et Julia Roberts qui retrouve aussi Nichols après "Closer…" nous la joue femme fatale mais en pente descendante.

Visuellement, c'est du cinéma pépère : la guerre est vu par de images de reportage ou reconstituée de façon anecdotique, presque caricaturale.

On sent derrière tout ça une ironie : certes Charles était sincère et a sans doute aidé l'Afghanistan ; le problème est qu'il n'a pu continuer ses efforts et si les russes sont partis, d'autres sont arrivés : les talibans.
Et oui, le 11 septembre, c'est Charles Wilson. Un bout, mais…
C'est sans doute cette ironie qui donne une petite pincée un peu plus excitante au film qui en manque beaucoup.
Il est amusant au début, puis se formalise trop au fur et à mesure.
Cela manque d'acidité.
De bons numéros d'acteurs ; des thématiques historiques à manier avec précaution néanmoins.


Bon film !!!!