" Des hommes sans loi "

Un film de gangsters : « Des hommes sans loi » de John Hillcoat.
Le film est l’adaptation du livre « The wettest country in the world » (« Pour quelques gouttes d’alcool » pour sa traduction française ; vous admirez d’ailleurs l’exactitude de celle-ci) écrit par Matt Bondurant, le petit fils de l’un des personnage de notre film. Oui, une histoire vraie même si écrite déjà avec beaucoup d’enluminures car nos héros criminels n’écrivaient pas leurs histoires et la racontaient encore moins.
John Hillcoat est connu depuis quelques temps grâce à son adaptation en 2008 de « La route » (une préférence pour le roman), un film sur l’après-apocalypse sans zombie cette fois mais où le froid, l’obscurité et la faim dominent. Mais Hillcoat a réalisé d’autres films dont « La proposition » en 2005, un western et bien avant « Ghost… of the civil dead » en 1988, un grand film sur le monde de la prison.

Dans les années 30, dans la campagne Virginienne, les 3 frères Bondurant sont des trafiquants d’alcool notoire, enrôlés d’une réputation d’invincibilité. Forrest, l’aîné, est une force de la nature ; il est craint dans le comté par son abnégation. Howard est un peu dingue et surtout un gros alcoolo. Jack est le cadet et n’a pas l’envergure de ses frères ; il doit faire ses preuves et veut les faire en modernisant leur activité criminelle.
L’arrivée d’un nouveau procureur dingue va engager une guerre entre la police, les autres gangsters et eux-mêmes.

Scénario de Nick Cave (ils travaillent tout deux très souvent ensemble) qui apporte à la fois réalisme, crudité et un travail assez sombre sur les personnages.
L’histoire est simple : parler à la fois de l’évolution de la prohibition et de l’apprentissage de Jack dans un décorum rappelant plus le western.
Les personnages ont le temps d’exister, sont complexes, même les rôles féminins (qui sont au nombre de 2. Oui, c’est peu !!).
Comme toujours avec Nick Cave, c’est du costaux au niveau des affects, de la violence.

Maîtrisé, réaliste tout en étant inspiré et cinématographique, la réalisation est plus agréable que celle de « La route » (le film était assez terne ; le monde y était mort, là, ça vit, grande différence). C’est classique, sans génie mais agréable.

Un bon casting : en premier le méchant tant il est jubilatoire, joué par Guy Pearce (« memento ») qui avait déjà joué dans « La proposition » et au final de « La Route », le look, le jeu extrémiste, tout est grand.
Tom Hardy (Bane dans le dernier « Dark Knight ») joue Forrest (il se construisait physiquement pour Bane) d’où le début d’une masse : l’acteur qu’on voit de plus en plus, est un vrai caméléon, il joue ici un bandit avec un gros cœur.
Shia LaBeouf (que j’aime pas trop) qui était le fils d’Indiana Jones dans le dernier film de la saga, le héros des « Transformers » est ici le cadet, le vrai héros de cette histoire, il est plutôt bien (en plus comme j’ai vu le film en VO même si au CGR, j’ai ainsi la vraie performance des acteurs).
Un petit rôle pour Gary Oldman (Gordon dans les « Dark Knight »).
Et puis les fifilles : Mia Wasikowska (« Alice » de Tim Burton et dernièrement « Jane Eyre ») que j’aime pas trop tant par sa gueule que par son jeu, est ici la fille d’un pasteur et cela lui va bien. Jessica Chastain (découverte avec « The tree of life » de Malick l’année dernière et dernièrement dans « Take Shelter ») a ici un très joli rôle dont elle s’acquitte avec force et conviction.

Pas un chef d’œuvre, mais un bon film de gangsters dans une iconographie pas si usitée (« Bonny and Clyde » est dans ce monde), qui finit mieux que l’on pourrait croire.

Bon film !!!