"Le Limier"

Un remake, encore un !!
« Sleuth » de Kenneth Branagh qui se trouve être le remake du film « Le Limier » de Joseph L. Mankiewicz tourné en 1972, d’après la pièce d’Anthony Shaffer.
On connaît le réalisateur britannique pour ses adaptations fortement réussies d’œuvres de Shakespeare puis il faut bien le dire, il a descendu de son piédestal ; son dernier film se passait durant la 1ère guerre mondiale et était une adaptation fort libre de « La Flute enchantée » de Mozart : bref, un film un peu opéra ou comédie musicale… pas totalement maîtrisé.

Milo est l’amant de la femme de l’écrivain Andrew Wyke ; il se rend dans sa propriété pour le convaincre d’accepter que sa femme divorce. L’auteur est d’accord si Milo participe à une simulation de cambriolage. C’est le début d’un duel psychologique qui va s’engager entre les 2 hommes.

Jude Law, un des acteurs principaux est celui qui propose au dramaturge Harold Pinter (qui a écrit plusieurs histoires pour Joseph Losey entre autre) de réécrire cette histoire, lui qui n’a ni lu, ni vu les adaptations filmiques (également un téléfilm avec Christopher Reeve, le Superman qui se casse la gueule à cheval). Bref, il aurait fait une véritable relecture et c’est bien possible car cela me semble différent de la version Mankiewicz.
Et comme j’en ai qu’un souvenir vaporeux de ce chef d’œuvre, on ne fera pas le jeu des 7 différences mais on parlera du film tel qu’il est.

L’histoire est actualisée tant dans son dialogue (moins cérémonial et plus ordurier) que dans l’usage scénaristique de la technologie en particulier un système complexe de surveillance par caméra : mais tant dans l’histoire que dans la mise en scène, cette technologie n’est pas vraiment utilisée ; ça sent le gadget pour que Branagh remplisse l’image.
Il me semble que les grands actes sont là, donc pas trop de changement à mon sens. Evidemment, pour préserver le suspens, je ne peux évidemment pas parler des divers coups de théâtre qui n’ont jamais aussi bien porté leurs noms. Le blème est que l’un d’entre eux est très vite éventé (je ne me souviens plus pour l’autre version si cela se voyait autant…) mais en même temps, il faut se rappeler qu’à la base, c’est une pièce de théâtre à 2 acteurs ; hors, y’a 3 rôles. Quand on connaît le truc, évidemment, on repassera côté suspense (pour vous aussi désormais).
Cette histoire classique de marivaudage prend une direction homosexuelle affirmée dans le dernier tiers (à cause du côté féminin avéré de Jude Law ??). Etais-ce aussi dans l’œuvre originale ??
J’avoue que ce jeu psychologique m’a laissé un peu froid sur le principe et sur le fond ; je n’ai vu qu’un habile jeu d’acteurs par rapport au film original.

Car évidemment, le film est fait pour eux. Jude Law est donc l’amant qui est sorti du dernier Wong Kar Waï, « My Blueberry nights en petite forme (tant pour l’acteur que pour le film) et Michael Caine est l’écrivain (que l’on va retrouver dans le rôle du majordome de Batman cet été avec le futur monstrueux « The Dark Knight »). L’élément intéressant est que Michael était l’amant dans la version antérieur face à Laurence Olivier. Confronter les 2 jeux serait absurde tant ils sont différents.
Le combat est plus extériorisé dans cette nouvelle version et les acteurs en font sans doute beaucoup mais en même temps, y’a qu’eux, ils font donc le spectacle et plutôt pas mal même s’ils ne sont sans doute pas crédibles ; on sent trop le côté théâtrale.
Donc admirons la performance technique contre la personnification : c’est selon le goût de chacun.

Et Kenneth me direz-vous ? bah moi pareil !! On sait que l’homme n’est pas un mercenaire et même s’il aime cette histoire, en fait, il n’en a rien à faire.
Aussi, va-t-il essayer de nous ébouriffer avec de la technique ; des jolis plans, de jeux de miroir, de caméra de surveillance, de jolies lumières mais comme je l’ai dit, tout cela est gadget. Alors que l’idée de départ semblait intéressante : faire du Brian de Palma (en tant que fan, je dis ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii dans un élan extatique même si c’est impossible de faire du De Palma si on n’est pas Brian). Aussi Kenneth n’y arrive pas, c’est vide. C’est pourquoi, il ne reste que les acteurs qui surjouent.

Voilà encore un remake qui ne sert à rien. Pourquoi on m’écoute jamais. En plus, ce film ne rapportera pas grand-chose, mais comme il n’a pas du coûter non plus trop cher.
Dommage quoi, c’est pas encore avec ça que Kenneth va se relever.

Bon film !!!