"Dorothy"

Après « Surveillance », un autre petit film qui en cache un grand : « Dorothy » d’Agnès Merlet.
C’est une française qui nous a fait un film en Irlande, donc en anglais. Et tout ça n’a rien à voir avec un film français. C’est sans doute pas plus mal.
3ème film de la réalisatrice après « Le fils du requin » (1994) (pas vu) et « Artemisia » (en 1997 avec Michel Serrault ; film assez intéressant sur le monde de la peinture : celui-là, je l’ai vu ; par contre peu de souvenirs véritables…).

La psychiatre Jane Morton est envoyée au sein d'une communauté recluse dans une petite île au nord de l'Irlande. Elle doit étudier le cas de Dorothy Mills, adolescente accusée de tentative de meurtre sur un bébé. Alors qu'elle vient en aide à Dorothy, la psychiatre tente d'affronter ses propres démons et d'éclaircir le secret qui hante la communauté.

La réalisatrice présente son film comme un Thriller psychologique avec un développement surnaturel : bonne définition, j’aurais pas trouvé mieux.
Le film met en rapport au départ ce monde empreint de religion et de superstitions : le cas Dorothy est assimilé à une possession ; la psychiatre va plutôt découvrir un cas de multiples personnalités. Tout cela aurait pu faire un film plus basique si le vrai surnaturel (pas la croyance « illuminée » d’une présence divine) ne faisait son apparition par l’intermédiaire de cette étrange fille. Je ne vous en dévoile pas plus, cela serait dommage de gâcher les grands effets.
Ce n’est pas l’histoire qui est le plus originale mais son traitement est efficace.

Mise en scène épurée, très anglaise (documentariste – pas d’effets de manche – tout doit passer par les personnages) ; on est donc loin du thriller coup de poing avec effets Cut pour nous faire sursauter. Le film prend sa source dans un chef d’œuvre peu connu des masses : « The Wicker man » de Robin Hardy [avec Christopher Lee et Richard Woodward (mais si la série « Equalizer »), le film absolu sur la paganisme qui a fait l’objet récemment d’un remake hollywoodien (inepte évidemment)].
On retrouve le village refermé sur lui-même, les mœurs étranges de ses habitants aux gueules pas possible de ces îles oubliées.

Si on connaît peu les acteurs, certains de vue, il faut parler des 2 actrices vedettes qui sont remarquables. En premier lieu, Carice Van Houten qu nous avions vu dans le dernier (et très bon) Paul Verhoeven (revenu dans son pays, la Hollande, pour l’occasion), « Black book », joue ici la psychiatre (elle est le spectateur : elle cherche à comprendre ce qui se passe sur cette foutue île ; elle s’offusque tout comme nous). Moins provocatrice que dans « Black Book », elle offre une prestation très émotionnelle.
Et puis il y a la révélation en la personne de Jenn Murray qui incarne Dorothy et d’autres (vous verrez bien), elle a 21 ans, c’est son 1er rôle. Dès la première scène, on croirait qu’elle a 15 ans grand maximum, la suite nous prouvera qu’elle est plus vieille.
Prestation physique assez percutante ; mais prestation vocale également, elle a joué ses autres personnalités (homme et femme) sans post-synchronisation. Il est difficile d’avoir un avis sur son personnage tant il échappe à tout contrôle ; par contre sur l’actrice, pourtant pas très belle au départ , elle incarne le profil même du comédien qui se glisse dans la peau du personnage. Peut-être une future grande.

Donc un film assez prenant, étrange, froid et pluvieux comme sa météo, un vrai film fantastique en somme.
Une très bonne surprise.

Bon film !!!