"There will be blood"

Le nouveau film de Paul Thomas Anderson : "There will be blood".
Son dernier long-métrage était "Punch-drunk love et datait déjà de 2002, avec Adam Sandler : plaisant mais je n'avais pas été entièrement satisfait ; pas comme pour son" Magnolia" bien plus réussi à mon avis.
Le film est l'adaptation du roman " Pétrole !" écrit par Upton Sinclair en 1927


Les USA, à la fin du 19ème siècle, Daniel Plainview, un prospecteur, découvre du pétrole : cela va changer sa vie. Aiguisant cette nouvelle soif, il va s'installer dans une région qui semblerait riche de cette substance.
Commence alors la création de son empire. Non loin de là, un jeune prêtre voit aussi son influence grandir.
Une lutte sourde va s'engager entre eux…

Une fresque (2h38 quand même) qui va nous conter l'histoire de ce futur magnat du pétrole jusqu'au crack boursier de 1929 ; qui nous permet de nous montrer l'Amérique de l'après Far West. Un univers déjà vu au cinéma dans le film "Les raisins de la colère" ou dans la série "La caravane de l'étrange".
Un visuel sale à l'image du produit huileux qui n'est pourtant pas exempt du savoir-faire du réalisateur avec de très beaux travellings comme à l'accoutumée, une image presque monochrome, des plans séquences assez longs installant une certaine pesanteur à l'action comme une menace sous-jacente, une explosion incessante mais qui ne vient pas…

Une histoire forte portée par ses personnages très caractérisés : Daniel semble être un homme droit au départ, travailleur mais cela va évoluer vers une sorte de paranoïa, l'homme devenant plus violent (je vous rappelle le titre !), haineux.
Idem pour Eli, jeune fermier qui semble intelligent mais qui se révèle être un évangéliste halluciné et fanatique.
L'un en appelle aux forces du ciel ; l'autre à celle de la Terre : l'opposition est inévitable ; elle est pourtant moins caricaturale que ma description pourrait faire penser. Elle passe surtout par les sentiments humains ; elle en devient par là-même "horrible".

Histoire forte mais pas très agréable (on ne se marre pas des masses) ; visuel presque suffocant ; musique atonale voire dissonante de Jonny Greenwood, le guitariste de Radiohead : tout concourt à en faire un film fort mais difficile.
Ce sont les acteurs qui vont nous ramener à du plus-humain : en tête, Daniel Day Lewis qui vient de recevoir un oscar pour sa prestation (cela doit être le second voire le 3ème de sa carrière sans compter les autres prix) qui est comme toujours, forte et juste avec quelques moments de dramatisme absolu. On découvre (moi en particulier) Paul Dano dans le rôle du prêtre qui avait déjà joué avec Daniel dans "The Ballad of Jack and Rose" en 2006 réalisé par Rebecca Miller, la compagne de Daniel ; il a joué dernièrement dans "Little miss sunshine" que je n'ai pas vu : il a lui aussi un rôle difficile avec quelques scènes d'évangélisme fortement azimutées qui feraient passer un schizophrène pour un agneau.

Un film à Oscar, il en a reçu ; un film pour festival. Il a des qualités mais tout semble trop préparé, il manque de fraîcheurs, de spontanéité : il est redoutablement pesant, voire maniéré.
On ne s'y ennuie pas mais il n'est pas si excitant que ça : les personnages nous apparaissant franchement antipathiques au fur et à mesure.
Sans vous dévoiler la fin (en rapport avec le titre néanmoins), il n'y a pas tant de surprises que ça.
Une appréciation de ma part en demi-teinte : ça n'a pas la puissance de "Magnolia". Dommage.

Bon film !!!