"Funny Games US" : ça fait mal !!

Le film suivant est une expérience de cinéma, une des plus désagréables qui soit et pourtant une des plus importantes.
Le film : « Funny Games US » du TRES GRAND réalisateur austro-français (maintenant) Michael Haneke.
L’homme est un fisteur (pour les plus néophytes, dirons-nous que c’est un enculeur avec un gros diamètre) ; peut-être le seul au monde à ce jour (avec peut-être un petit français, un certain Gaspar Noé, omni par la critique et souvent par le public, et pourtant….). Il est donc important.
Auteur de la trilogie de « la Glaciation émotionnelle », 3 films hyper-importants et presque insupportables sur la violence et la destruction de l’homme par l’homme. Trilogie que j’ai (évidemment) mais qui ne pourra jamais être au programme du Ciné Club Pizza ; ce ne sont en aucun cas des films de divertissement et ne sont pas destinés au grand public mais bien à une élite (pas intellectuelle que je méprise tout comme Haneke ; non à « ceux qui savent et qui jugent »).
Il s’est attaqué ensuite à son chef d’œuvre (il en fait presque tout le temps alors…) : « Funny Games » en 1997 ; scandale à Cannes et patati et patata : film sur la torture serait une erreur ; plutôt un film sur les relations humaines comme tous ses films ou plutôt sur leur absence.
Puis il viendra en France, étant devenu presque non grata dans son Autriche et nous concoctât quelques œuvres immenses : « La pianiste » avec Isabelle Huppert et dernièrement « Caché » avec Daniel Auteuil.
Haneke a ce ton de professeur (qui énerve beaucoup ses détracteurs) qui fait la leçon et il sait que son œuvre est trop confidentielle : l’Europe ; et parmi celle-ci seulement un public limité et très souvent contre lui (à chaque fois, ils se font avoir).
Il veut tout les autres ; il sait que son message est le plus important alors le seul moyen pour toucher le public international : faire son propre remake aux USA avec des acteurs bankables et reconnus.
Sa condition : son film est parfait ; donc on peut le re-filmer à l’identique, on change seulement les acteurs et la langue. De toute façon le message est universel.

Une famille normale américaine, plutôt bourgeoise (Haneke s’intéresse peu aux pauvres ; ils ne sont pas sa cible) arrive dans sa villa de campagne. Elle s’installe à peine qu’elle fait la connaissance de 2 adolescents aux manières étranges. Ce petit monde va jouer à un jeu mais pas « funny » pour tout le monde ; un jeu pourtant très humain…

Pour ceux qui ne connaissent pas, je ne donne pas trop d’indices de ce que vous allez vous prendre dans la gueule ; pour les rares qui connaissent, vous aurez entrevu ma perversité…
Peut-on parler du film ?
Il doit se vivre ; c’est une expérience cinématographique avant tout ; l’oeuvre d’Haneke, c’est surtout ça : il utilise le médium cinéma pour concasser le spectateur et il le fait bien, personne ne peut rester insensible devant ses films ; on passe par diverses émotions, violentes généralement, mais on ne peut être passif, il nous oblige à juger, à LE juger, à SE juger.
D’où son importance dans notre société où plus rien n’a d’importance ; où tout se côtoie avec la même égalité de sens ou de non-sens.
Bref, subissez !!!!

Maintenant, le remake est-il à la hauteur du film original ?
Vous connaissez ma réticence envers les remakes : pourquoi faire mieux que l’original s’il est parfait ? En plus en faisant la même chose ??
Un exemple frappant : « Psycho » le remake plan par plan de Gus Van Sant du film « Psychose » d’Alfred Hitchcock. Un ratage sur tout la longueur car Sant a trahi son projet de départ, il a rajouté des choses qui explicitent l’œuvre qui n’en a pas besoin. Bref, cela n’apportait rien à l’œuvre, voire même cela la rabaissait.

Haneke va se servir sournoisement de l’idéal hollywoodien pour obliger un public qui ne le connaît pas à subir sa loi.
Le film d’auteur va se transformer en Thriller qui nage sur la nouvelle vague de films d’horreur ultra-violents comme la saga des « Saw », « Hostel » et compagnie ; bref, il veut parler aux jeunes américains ou à tout le monde qui bouffe du film ultra-violent (comme moi par exemple mais je m’exclus ; je suis au-dessus des partis ; je n’ai qu’un camp : le mien !).
Sa maîtrise de son cinéma fait que le remake est aussi fort que le film original : on est pris à la gorge, aux burnes, aux trompes d’Eustache et rien ne se relâche même après la fin.
Que les personnages soient des acteurs connus (Naomi Watts ; Tim Roth ; Michael Pitt…) ; que cela ne permette pas l’identification (au contraire de l’original où les acteurs n’en étaient pas vraiment ou des débutants) ; rien n’y fait : le tension est là, le violence insupportable et l’air irrespirable. Et pourtant on sait : c’est du cinéma mais ça marche (je n’ai vu qu’une personne qui est sortie mais y’en avait peut-être derrière).
Sa grande force est dans le diptyque : attirance-répulsion et nous ne sommes que des êtres humains.

Sa cible y trouvera-t-elle grâce ? Visuellement, son film est 1000 fois moins violent que beaucoup ; il l’est par contre psychologiquement.
Sa manière de faire ; sa manipulation ne peut que déplaire aux fans du genre qui détestent généralement qu’on leur fasse la leçon (c’est pourquoi j’avais pas aimé « Scream » à l’époque ; y’avait aussi d’autres raisons) : ma position particulière fait que je suis hors catégorie ici.
Haneke ne s’adresse qu’à un public, il doit le comprendre, il ne sera jamais une star, il sera reconnu comme un foutu chieur, ce qui n’est déjà pas si mal.

Le film est fort mais la pub autour de lui ne pourra qu’abaisser ses opportunités : il est et sera vendu comme un film de torture, un de plus qui vraisemblablement n’aura pas un grand succès ; Haneke s’est donc tromper d’une certaine façon ; mais normalement il y aura plus de public qui regardera son film et qui sera déçu s’attendant à un film de torture habituel : cela fera parler du film mais ce qui importe pour Haneke, c’est le message et la pub s’en abstiendra. Moins de message = plus de fric !!! c’est’y pas un super message, ça !!

Mais si vous aimez les expériences ; n’hésitez pas.
SUBISSEZ !!!!!!!

P.S. :
A tous les spectateurs des T’chis, je vous donne l’œuvre d’Haneke à vous mater ; un bon moyen pour revenir sur Terre.