"X Files"

Un grand retour, celui de Mulder et Scully, 10 après le premier film « The X Files, le film » (ça c’est un titre !), avec « X Files : régénération » réalisé par le créateur de la série Chris Carter (Yeah !!!!!).
Je ne vous présente pas la monstrueuse série sur le paranormal des années 90 ; qu’on l’aime ou pas, elle a permis à la télévision américaine moribonde d’alors de hausser son niveau créatif et artistique et permettre de développer la télé de maintenant : « Heroes », « 24h chrono », « Lost » et consort n’existent que parce que X Files a « défoncé » les portes des limites télévisuelles.
Elle a fini au bout de 9 saisons (un peu en baisse depuis quelques temps mais elle était déjà tellement haute) ; un film avait déjà été réalisé en 1998 (le premier blockbuster ultra-réaliste mais pas beaucoup de surprises par rapport à la série).
Depuis la fin du monde selon Chris Carter [4 séries en tout : X Files ; Millennium ; Harsh Realm (« Matrix » a beaucoup copié le concept); The Lone Gunmen (au passage qui a inventé le 11 septembre un an avant l’attentat) mais seul X Files a marché commercialement], on n’a plus entendu parler de Chris. On est arrivé dans le monde du post 11 septembre où sa paranoïa et son thème principal « l’ennemi est parmi nous » ne sont plus tolérables. Bizarrement, les séries « 24 » et « Lost » ont fait la même chose et cela marche, à croire que le monde a encore changé, que tout le monde s’en branle du 11 septembre, de l’Irak, de l’Apocalypse toujours prochaine : et oui, faut consommer, c’est tout ce que l’on nous demande ; surtout ne pas Penser.
Aussi Chris est parti, s’est remis à vivre ; faut dire que faire vivre des séries, c’est épuisant. Il a eu aussi un petit différent avec le studio La Fox pour des sombres droits sur la série ; d’où le retard pour ce nouveau film (qui aurait du sortir en 2001 à la fin de la série et vu le film, il aurait pu, il est assez peu « fouille-merde » par rapport à la série).
En fait comme tout le monde (hormis les fans) s’en fout de la série ; il a du réviser ses ambitions à la baisse et cela lui a permis de faire le film sans contrainte, chez lui, au Canada.

Le bureau des X-Files est fermé depuis 10 ans ; Scully est redevenu médecin et Mulder et toujours enfermé dans ses lieux clos préférés avec pleins de dossiers partout, des posters d’ovni. Le FBI fait pourtant appel à eux pour une affaire de disparition d’un agent du bureau car ils ont fait appel à une sorte de médium et la confiance dans ces gens, vous savez ce que c’est… oui mais faire confiance à Mulder, c’est pas facile non plus. Et voilà notre couple reparti sur le chemin des ténèbres.


Le premier film se voulait grandiloquent (fallait en foutre plein la vue), cela a été un peu leur perte ; là c’est le contraire, c’est un film d’ambiance, y’a presque pas de surnaturel, l’action est au minimum. En fait tout est au minimum car le but c’est autre chose.
L’histoire n’est pas exceptionnelle (celle du film précédent est presque meilleure alors qu’elle était assez faible pourtant) ; c’est plutôt l’ambiance général qui est intéressante : glacial à mort comme l’hiver canadien qui imprègne tout le film (un film d’hiver pour l’été : concept casse-gueule dans nos sociétés en vacance qui prônent soleil, plage, tourisme sexuel, etc…).
Là, on parle de mort, de cadavres, de Foi.
Certains le disent (Didier Allouch de Canal +, grand journaliste cinéma devant l’éternel), on dirait du Cronenberg encore plus désespéré : c’est pas faut, un peu d’humour (les mulderismes sont assez faibles) mais plutôt comme le sujet le met en lumière, une sorte d’expiation (le grand public déjà cherche le mot dans le dictionnaire, alors vous imaginez comprendre la notion…).

Le film ne marche pas aux USA (quelle surprise donc !) ; en France ( ?), j’ai un doute.
Pour le premier film de cinéma de Chris Carter, cela va être dur, mais il y croit, il est d’ailleurs sur un sujet, plus léger parait-il (j’y crois que modérément alors que l’homme est un ancien surfeur (donc un sportif …), que rien donc ne prédisposait pour parler aussi bien de l’Amérique).
Ce film n’est pas fabuleux mais si vous voulez un bon moment de dépression (toujours indispensable dans ces moments de grande quiétude estivale), ça peut le faire car la réalisation est bonne (même si les moments de frousse sont un peu faibles), les comédiens parfaits, et l’ambiance n’est pas à la gaîté.

Bon film !!!