"Ulzhan"

Il n’y a pas longtemps, je vous ai parlé d’un film russe ; et bien, on continue sur les mêmes lieux avec un film d’un allemand, monsieur Volker Schlöndorff et son film « Ulzhan ».
On connaît surtout Volker avec un film » Le tambour » qui gagna ex-aequo la palme d’or du festival de Cannes en 1979 avec « Apocalypse now » : on se rappelle surtout d’un petit garçon et de ses cris suraigus. D’autres film comme « Un amour de Swan » (d’après Proust) ou « Le roi des aulnes » avec Malkovitch : une carrière pas très commerciale me direz-vous.
Ce nouveau film a été une nouvelle fois scénarisé par le grand Jean-claude Carrière qui travailla en son temps avec Bunuel.

Un français (un tourangeau même ; sa voiture est immatriculée 37 : yeah ; pourquoi ? mystère !) entre au Kazakhstan et part tel un vagabond en quittant ses défroques.
Que cherche-t-il ? Que veut-il abandonner ?
Durant son voyage, il fait la rencontre d’un « vendeur de mot » illuminé mais sympathique et surtout de Ulzhan, une jeune professeur de français qui va le suivre malgré lui dans son voyage.

C’est donc un road movie, à pied, à cheval dans des paysages dévastés de l’après régime soviétique (on est donc très loin du film de spectacle qu’était « Mongol »).
Film de voyage extérieur et surtout intérieur car le héros, c’est bien l’homme et pas Ulzhan (fort sympathique mais elle n’est pas le moteur de cette histoire).
On sent l’homme tourmenté et plusieurs indices laissent à penser qu’il veut se perdre dans cette immensité et disparaître à jamais.
La relation qui va se nouer entre eux 2 est plus complexe qu’une attirance mais le film ne narre en aucun cas la construction d’une relation plutôt celle d’une destruction, d’un anéantissement.
Pas gai quoi.
Un petit rayon de soleil, de philosophie optimiste, cela va être ce personnage du vendeur de mot, un certain Shakuni (personnage presque mythique car faisant parti de la genèse hindouiste, « le Mahabharata » qui donna lieu à un film de Peter Brook scénarisé par Carrière : à penser donc que rien n’est au hasard). Ce personnage haut en couleur est magnifiquement interprété par David Bennet qui jouait en son temps ce petit garçon dans « Le Tambour ». Sa carrière étant très hiératique : premier film, cet instrument de percussion (cher à mes oreilles et à mon cœur ; je suis batteur pour votre gouverne) puis « Canicule » avec Lee Marvin, Jean Carmet ; « Legend » de Ridley Scott avec tom Cruise et notre film chroniqué. Pas beaucoup, je sais pas ce qu’il fait pour vivre ; peut-être vendeur de mot ???
Bref, un personnage hyper intéressant qui mériterait un film à lui tout seul.
Mais le héros, c’est Philippe Torreton, « Le Capitaine Conan » de Bertrand Tavernier, acteur instinctif et protéiforme, et pour un comédien de la Comédie Française, et bien ici, il dit pas souvent grand-chose mais doit exprimer beaucoup et il sait le faire.
Quand à la fille, elle a joué aussi dans « Nomad », le film du réalisateur de « Mongol » qui sort en DVD en ce moment. Tout est bouclé.

Connaissant Carrière, je me doute que le film a plein de sens cachés ; que j’ai pas trouvés : je me suis laissé porté par le voyage, par les rencontres, par la détresse du personnage principal et au final, c’est pas gai !!! C’est un petit peu douloureux mais ça préparait au film suivant bien plus hard.
Pour le personnage de David Bennet.